Avem Ganhat* (finisher, je l'ai gagné en occitan)

Publié le par Laurent Brueyre


Le pari est gagné : enchainer en 9 semaines les 100km de Belvès, la Nove Colli (202km), les 48 heures d'Antibes (281km) et l'intégrale de Riquet (240km). Musculairement et ariticulairement, tout est OK. Les pieds demandent un peu de repos et le bilan sanguin révèlera certainement quelques carences, mais rien de grave.
Cette dernière épreuve propose un parcours entre Marseillan et Toulouse, le long du canal du midi dans un délai maxi de 48 heures. Je ne m'attendais pas à une épreuve aussi exigente. Je voyais pas mal de pistes cyclables et zéro mètre de dénivelé. Eh ben non, les chemins monotraces sont plein de racines et de pierres, moi qui avais déjà les pieds en sang au départ, j'ai vraiment souffert. Isa, de son côté, n'était pas en reste, le vélo très lourd et les chemins peu carrossables l'ont très fatigué. La solution était d'avoir 2 suiveurs vélo et une voiture qui suit le parcours par la route. Certains avaient cette chance. Ce qui paraissait comme une barrière horaire très facile (120 km en 20 heures) était en fait calculée au plus juste. Nous avons passé le 100 km en 14 heures, puis un gros coup de barre pour Isa qui s'endormait sur son vélo et a manqué tombé dans le canal plusieurs fois, d'autres coureurs ou accompagnateurs y sont allé carrement. Nous nous sommes donc reposé 25 minutes avant la barrière horaire(15 minutes de sommeil). J'étais à ce moment-là autour la 30ème place. On rattrape Bernard Constant, 2 sparthatlon, une Sakura et une 3ème place à la Transe Gaule qui marche, il se doute déjà qu'il s'agira pour lui de son 3ème abandon pour 3 participations à l'Intégrale. On arrive enfin au 120ème kilomètre après 18 heures de course, je n'ai toujours rien mangé depuis le départ, uniquement bu de l'eau gazeuse, du jus de pomme, du coca, de la bière, de l'orangina (je sais, ils ne préconisent pas ça dans Jogging). A cet unique ravitaillement, j'arrive à avaler quelques pâtes et me sens déjà gaillard pour repartir. Isa préfère que nous prenions quelques minutes de plus pour se faire masser les épaules en vrac avec toutes ces bosses. C'est une courses d'équipe, si elle abandonne, je suis condamner au même sort. La salle des fêtes de Trèbes ressemble alors à un abri pour SDF, des sacs trainent par terre, des coureurs ou accompagnateurs dorment sur des lits de fortune, par terre ou sur la table.  Vision surréaliste !!!
Je sais par expérience qu'il ne faut pas s'attarder dans ces havres de repos, c'est le chant des sirènes pour les "abandonneurs potentiels". Je discute quelques instants avec Hervé Bec, qui faisiat de cette course un vrai objectif, malheureusement un genou rendu douloureux par ces chemins, l'a obligé à jeter l'éponge. Michèle, son accompagnatrice, se plaignait elle des longues heures passées sur une selle et dont les stigmates, parait-il, étaient encore visibles. Nous rencontrons aussi Vincent et Chantal qui suivent l'intégralité de la course pour alimenter les forum.
Deux heures plus tard, c'est moi qui demande grâce, je veux dormir et surtout soigner mes ampoules. Je pensais aller jusqu'à l'arrivée sans avoir à me soigner, il très difficile de se chausser et de repartir lorsque l'on a pris conscience de l'étendue des dégâts. Ce n'est effectivement pas très beau, pas loin de 10 ampoules et surtout 2 crevasses sous le pied à la pliure des orteils, j'ai surtout mal à la marche. Je m'allonge dans l'herbe humide et essaie de dormir, je n'y parviendrai que 5 minutes. Il faut déjà repartir, repercer les ampouler et se remettre debout. J'ai heureusement , dès le départ, opté pour des running décapotables (orteils à l'air, chaussures découpées à l'avant). Nous continuons d'alterner marche et course, je commence à être à l'aise sur ce rythme et reprends régulièrement quelques coureurs. Dire que j'étais les bras en croix au kilomètre 40, je ne vous l'avez pas dit. Comme quoi, la patience est la plus grande des qualités en matière d'ultra.
Nous voilà 22ème au kilomètre 160, ravitaillement en eau tenu par Patrick et Mamie gâteaux, des amis de la première époque UFO. C'est ici, qu'un ami, Christophe, s'est proposé pour remplacer un peu Isa sur le vélo. Elle conduira sa voiture et fera des sauts de puces pour nous ravitailler. Il fait encore très chaud, je m'arrête dans une épicerie-bar vers Cactelnaudary pour acheter une glace et quelques pêches. Christophe, qui ne connait pas ce type de courses est surpris, je m'arrête aussi régulièrement dans les bars pour acheter les boissons fraîches. Les 50 derniers kilomètres sont goudronnés, appréciable pour l'accompagnateur vélo. Christophe nous quitte au kilomètre 216, très heureux de sa journée. Il est 19h30. Toulouse nous attend, on commence à savourer. Lorsque la nuit tombe, un gros orage éclate et nous sommes dessous en pleine nuit, fatigués, sans vêtement de pluie, on se perd, se reperd. Je commence à gueuler tout seul le long de ce foutu canal, j'appelle sans arrêt l'oraganisateur pour connaitre la bonne route. Pour lui, toulousain, celà parait très évident, pour nous, beaucoup moins. Les seules indications du road book sont : la dernière écluse à 10 km de l'arrivée puis ArrivéeToulouse. Jamais vu un tel road book !! Dernier appel, c'est Isa qui le passe, elle appelle Cécile, l'épouse de l'organisateur, elle vient à notre rencontre, je peux enfin me remettre à courir en étant certain d'être sur le bon chemin. Bilan 30 minutes de perdues, on aurait pû arriver avant minuit. Le dernier kilomètre, j'aperçois la lueur d'une frontale devant, j'allonge la foulée, il l'a senti le bougre ! il accélère aussi.  Je le rejoins, c'est mon ami Philippe Rosset, on finit ensemble, 14ème. De toute façon, qui que ce soit, je ne l'aurais pas doublé si près du but.
Le temps de boire un coup, même pas faim, pourtant le dernier repas date de plus de 2 jours. On nous emmène vers 3 heures du matin à l'INSA, des chambres étudiantes nous ont été réservées. Une douche et au lit, place à la récup !
Très belle épreuve, juste un road book à améliorer, mais le parcours est sublime, parce que exigeant et plein de surprises, moi qui croyais m'ennuyer sur une telle distance le long d'un canal. L'édition 2010 est déjà programmée.

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D
Encore et toujours un énorme bravo à toi (et aussi à Isa)...RESPECT!<br /> Alors maintenant c'est le Spartathlon ???
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D
Salut Laurent,<br /> <br /> Tu m'as "espanté", car tu étais à mes yeux un de ceux les plus en forme qui sont arrivés à notre ravitaillement. Sylvie Peuch et René Heintz eux l'étaient tout autant que toi. Donc tu estimes que tu étais moribond, et bien alors que dire des autres concurrents ? Je pensais que tu reprendrais pas mal de gars devant, tu as du en rependre 6 et donc sur les derniers 80 km tu dois être un de ceux qui est allé le mieux. Donc c'est dommage cette perte de temps sur l'arrivée.<br /> <br /> Si tu fais la TG10 ? j'ai un autre collègue qui doit la courir Bernard Constant, un bien brave gars.<br /> <br /> A plus de te lire, maintenant que j'ai l'adresse de ton blog, je vais passer le lire de temps en temps.<br /> <br /> Patrick
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